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Le journal de Newton

Les étoiles n'ont leur vrai reflet qu'à travers les larmes. (V. Nabokov, Regarde regarde les arlequins)


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Papa, dis-moi pourquoi...

Ceux qui sont parents ont tous déjà entendu une fois cette phrase, ceux qui côtoient des enfants aussi, ceux qui se souviennent de leur tendre et innocente enfance doivent se souvenir de l'avoir prononcée... Cette grande question du pourquoi... Plus tard, il y a ceux qui ont toutes les réponses, il y a ceux qui n'en ont pas mais qui n'en cherchent pas et il y a ces gens qui cherchent continuellement des réponses qu'ils ne trouveront jamais. Personnellement, je fais partie de cette dernière catégorie, et je m'y plais, même si ce n'est pas tous les jours faciles, même si parfois je me demande pourquoi je me demande pourquoi, même si parfois j'en ai marre, même si parfois ce serait tellement plus simple si le mot "pourquoi" n'existait pas...

L'année où j'ai appris à lire, je me souviens d'avoir demandé à mes parents un livre pour mon anniversaire... mais pas n'importe quel livre! C'était le "Mille et une questions", avec les réponses, évidemment! Je voulais avoir des réponses à toutes mes questions et j'ai souvent fouillé dans ce très beau livre... Je me souviens aussi que mon "livre de chevet" était le dictionnaire car c'est là-dedans que je trouvais ce que voulaient dire les mots, c'est là que je trouvais des réponses à toutes mes questions. Toutes? Non, certainement pas... Depuis tout petits, la plupart des enfants demandent à leur parents: "pourquoi?" Mon neveu, par exemple, il y a quelques jours, lorsque je lui parlais d'Aliena, m'a demandé pourquoi elle était allé à Belfast. Je lui ai répondu que c'était pour apprendre mieux l'anglais et lui de répliquer: "Mais pourquoi?" Vaillemment, je lui ai encore répondu que c'était parce qu'il était important de connaître les langues, et j'ai même anticipé en disant que la connaissance des langues permettait de parler avec les gens, de les connaître mieux. Et là, question suivante: "Mais pourquoi?" Allez expliquer à un enfant de moins de quatre ans que la communication sert à éviter les conflits et que la paix dans le monde en dépend... Je m'y suis risqué, mais sans succès: "Mais pourquoi?" me lance-t-il encore... Là, c'est le bloquage total, et je pense que tous ceux à qui il est déjà arrivé d'être confronté à de telles questions ont aussi été en face d'un tel mur, à un moment ou à un autre...

Mais pourquoi? suis-je tenté de dire... Oui, MAIS POURQUOI??? La question du pourquoi, comme celle du comment, est une question fascinante, mais à un certain niveau, elle ne connaît plus de réponse... Mais pourquoi? Faut-il vraiment y répondre? Je ne suis pas vraiment sûr qu'il soit nécessaire d'y répondre, mais par contre, je suis sûr qu'il est nécessaire de chercher à y répondre... Aux questions simples de la théorie de la relativité, nous aurons des réponses scientifiques. Aux questions plus ardues de la métaphysique ou de l'éthique, nous aurons plus de difficulté et peut-être que des gens ou des mouvements nous proposeront des réponses toutes faites, apparemment belles, mais je ne peux pas me résoudre à accepter simplement ces réponses qui ne sont pas les miennes... Puis-je accepter une quelconque réponse d'ailleurs? Puis-je accepter de ne pas trouver une réponse? Et si je répondais "non" à ces deux questions? Je renforcerais ainsi ma réputation nihiliste... Mais je n'y répondrai pas par non pour cette raison. Je répondrai à non à ces questions parce que je ne peux pas accepter une réponse toute faite à la question du pourquoi, il faut que je comprenne réellement, que je fasse mienne cette réponse... En même temps, je ne veux pas accepter de ne pas trouver de réponse, c'est vital de chercher une réponse à cette question, c'est indispensable et jamais je ne cesserai de chercher tant que je n'aurai pas trouvé. Et le jour où j'aurai trouvé, je me poserai encore la question de savoir pourquoi j'ai trouvé cette réponse et pas une autre...

Jamais la question ne s'arrêtera, toujours le "pourquoi" résonnera dans ma tête... Certes, il est difficile de vivre avec cette grande question, parce qu'elle nous dépasse, elle nous dépasse de beaucoup... Mais l'enfant qui vient vers son papa et lui dit qu'il a une question et lui lance soudain un "Papa, dis-moi pourquoi?" ne se pose pas la question de la grandeur de ses mots: il les pose simplement en ne sachant qu'une seule chose: il aimerait une réponse complète et absolue. Aujourd'hui, je cherche toujours et encore cette réponse complète et absolue, et j'aimerais savoir garder cette simplicité et cette âme d'enfant émerveillé devant la possibilité d'une telle réponse, tout en sachant que la question est trop grande pour moi... Ça ne fait rien... Pourquoi ne la poserais-je pas? Mais pourquoi donc?

Article de newton, à 23:03 dans la rubrique "Philosophie".
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Les réactions à cet article :

 
Aliena
Aliena
06-03-05
à 23:29

Ah les "pourquoi".... Je connais ça aussi... Quelques fois on pense que ce serait tellement plus simple si on ne se posait pas de questions, si on vivait comme tous ces gens qui nous regardent avec des yeux ronds quand on les pose, les questions. Si on pouvait juste tourner le bouton sur "off" et arrêter d'avoir mal à trop se poser des questions sans réponse. C'est pas de la prétention, c'est réellement pas la joie quelques fois d'avoir trop de questions dans la tête. Mais un jour, on tourne la pièce de l'autre côté. On voit alors que ça n'a pas que des côtés négatifs, que ça peut même être génial. Et si on est idéaliste, on fait philo à l'uni, parce que ça ne sert à rien...
Je serai toujours là pour toi, pour discuter de tous les "pourquoi", présents, passés et futurs. Je te le promets.
Aa. MXSS
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newton
newton
06-03-05
à 23:34

Re:

Merci à l'infini, Aliena! Ce que tu dis est tellement juste... Et donc, je crois que je suis idéaliste, puisque j'ai fait philo! ;-) et toi aussi!!!! ;-)
J'aimerais aussi te promettre que je serai toujours là pour toi, pour discuter de tous nos pourquoi...
J'espère aussi que nous saurons être à la hauteur des pourquoi de nos enfants...
MERCI pour tout!!!!
Aa! MXSS!!!!
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Songe
Songe
07-03-05
à 18:59

J'aime ta façon sensible et empirique de te poser les questions existentielles et les poser par là même à ceux qui liront ici ton pourquoi et se l'adresseront à leur tour avant de rester muet, pour ceux qui n'aiment pas chercher des réponses ou n'aiment pas en donner, ou d'autres comme moi qui aiment autant s'interroger qu'interroger les autres, se répondre que répondre aux autres en instaurant l'échange (la communication que tu évoques très justement dans le passage sur les langues).

Le jour où un de mes professeurs de philosophie de première année de Deug nous a dit en introduction de son cours que la philosophie ne donnait pas de réponses mais permettait simplement de se poser les bonnes questions, ce jour-là ma quête éternelles de réponses à connu un éclairage nouveau; les réponses résidaient dans la façon de poser les questions et selon la façon dont j'interrogerais une chose elle ne me donnerait pas la même réponse. Et il est vrai qu'une fois à l'esprit l'objet en soi et l'objet pour soi, on prend pleinement conscience du caractère relatif et subjectif de toutes les réponses que l'on pourrait trouver.

A compter de ce jour là j'ai inversé les choses et j'ai décidé d'interroger le monde à partir de mes réponses arbitraires, comme on pose un axiome sur lequel on appuie une théorie; on ne sent alors plus écrasé par le poids du pourquoi mais obsédé par la construction d'un parce que, un système de pensées qui sache répondre aux pourquoi de façon singulière et personnelle. Je crois que les philosophes ont construit leurs systèmes avec cette obsession de donner un parce que en réponse au pourquoi. C'est comme une illumination de savoir que la clef du "pourquoi" est contenue dans le "parce que" qu'on lui oppose, après cela on ne cherche plus constamment des réponses mais on se sent dévoré par une soif de savoir pour alimenter le parce que et édifier sa pensée peu à peu. C'est un travail prennant de repenser le monde et j'aime beaucoup m'y consacrer ...

Mais je ne voudrais pas m'emporter trop en m'enthousiasmant sur le sujet alors que je crois qu'on pourrait en discuter longuement (cela dit une discussion agréable, passionnée et constructive est une chose assez rare pour que je ne m'y refuse pas).

Bien à toi

Songe

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newton
newton
07-03-05
à 19:32

Re:

C'est intéressant de voir les choses de cet aspect là! Finalement, le jeu (je ne sais pas si ça existe encore) du Jéopardy n'était pas si étrange que ça au niveau de son concept... Ce que je trouve particulièrement intéressant, c'est que les questions dépendent des réponses...

Concernant le "travail" de repenser le monde, c'est vrai que c'est quelque chose de prenant... et une fois que tu y as goûter, tu ne peux plus lâcher le morceau! J'ai l'impression que tu en sais quelque chose! :) Le monde à penser et à repenser, c'est incroyable! et c'est beau!

Merci pour ce commentaire! (Et j'approfondis volontier la discussion avec toi!)
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Cristalpearl
Cristalpearl
09-03-05
à 16:57

Pourquoi ? Le sens de nos vies ?

Je me suis longtemps demandée si se demander pourquoi était une bonne chose ou pas. J'ai souvent été malheureuse de me poser cette question car elle me détruisait. Maintenant que le temps a passé, qu'il a pansé une partie de mes maux, je comprends enfin que cette question est importante car au lieu de vider ma vie de sa substance, c'est cette quête san fin qui lui donne son sens. Je suppose qu'il faut juste de ne pas attendre de réponses, ne pas chercher à rompre le charme et tirer le meilleur de cette expérience.

Bonne soirée à toi et à bientôt.
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newton
newton
09-03-05
à 17:18

Re: Pourquoi ? Le sens de nos vies ?

Chère Cristal, merci pour ton commentaire! C'est vrai que le pourquoi ne trouve jamais de vraie réponse, cette réponse qu'on voudrait tellement fixe, inamovible et quasi-éternelle... Cette question m'a aussi très souvent troublé et je dois bien avouer que je l'ai souvent mise de côté au lieu de m'y confronter... Ce n'est pas facile, mais ça vaut la peine, et j'espère que cette question hantera paisiblement les pages de ton livre pour les remplir d'un bonheur plein, même s'il peut être discret...
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