Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Le journal de Newton

Grâce au jeu, l'homme se délivre du temps sacré, pour l'oublier; dans le temps humain. (G. Agamben, Enfance et histoire)


D'autres barques

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Question de vérité

Depuis quelques jours, je me suis lancé dans une étude très intéressante sur la vérité et les critères pour la connaître. J'aimerais ici vous faire part d'une première réflexion sur le concept de vérité qui est apparemment très simple, mais qui ne l'est de fait pas autant qu'il ne le paraît... Je vais faire ici une différence - suivant ainsi Hilary Putnam, un philosophe contemporain - entre les internalistes et les externalistes. Ces mots semblent un peu barbares, mais il n'en est rien, vous verrez!

Commençons par une définition intuitive de la vérité... Une phrase est vraie extactement au cas où elle correspond à la réalité. Je pense que la plupart des gens seront d'accord avec une telle définition, il s'agit également de la définition de la vérité par un externaliste. Cependant, cela pose problème! En effet, nous devons nous poser la question du comment un mot correspond à une chose, comment une phrase correspond à un état-de-choses dans le monde? Wittgenstein répondrait, dans le Tractatus, qu'il s'agit d'une relation de ressemblance, exactement comme lorsqu'on se regarde dans un miroir (le langage constitue le miroir de la réalité). Toutefois, le problème n'est pas résolu parce qu'il semble falloir quelque chose en plus, quelque chose d'autre que la simple ressemblance. Prenez par exemple le mot lapin. A quoi renvoie-t-il? Eh bien, à l'ensemble des lapins... Cependant, lorsque nous considérons la vérité comme correspondance à la réalité (le fameux adequatio res et intellectus), nous ne pouvons considérer que les lapins avec lesquels nous avons eu un rapport (au sens large du terme). Nous devons de fait imaginer comme des rayons reliant les mots, les phrases aux objets et états-de-choses du monde. Ceci semble absolument ridicule, en particulier parce que cela signifierait que de nombreux mots se rattacheraient au même objet (simplement par la diversité des langues). De plus, il faut compter qu'avec chaque mot inventé (par un enfant, par exemple), un nouveau lien est créé. Cependant, ce lien devrait exister avant, mais il ne peut pas exister puisque le mot n'existait pas... Bref, cette idée du lien que certains appellent noétique n'est pas acceptable, et donc, la théorie de la vérité comme correspondance ne l'est pas non plus (cet argument est un peu raccourci, évidemment...)

Passons donc à une autre conception de la vérité, du rapport du langage à la réalité. Il s'agit de la thèse des internalistes. (Notons au passage que ce ne sont pas les deux seules théories de la vérité...) Ici, nous nous attachons à une autre conception de la vérité qui passe nécessairement par chacun de nous. Dès lors, la vérité n'est plus simplement une correspondance des mots aux choses (ce qui ne laisse de place que pour une seule vérité), mais elle passe par nous. La vérité dépend de nos concepts, de nos images mentales. Ainsi, la vérité dépend de manière essentielle de notre manière de voir les choses. Nous n'arrivons toutefois pas à une vérité purement subjective, à une situation où chacun pourrait avoir sa vérité et où, par exemple, nous serions tous des stylos à bille ou des koalas géants du pôle nord. Il ne s'agit donc pas d'une vérité subjective, mais d'une vérité objective-pour-nous, selon le mot de Hilary Putnam. Ceci signifie que nous partageons les mêmes conceptions de la vérité avec nos voisins, avec une communauté de gens tout autour de nous... Il s'agit donc d'une sorte d'acceptabilité rationnelle, plus que de vérité au sens commun du terme, une sorte de cohérence idéale de nos croyances entre elles et avec nos expériences. C'est là que nous voyons le rapport avec la réalité: il faut une cohérence de la phrase avec nos expériences! Tout ceci fait qu'il peut exister plusieurs vérités, sans toutefois qu'il n'existe plusieurs réalités... Le problème est ici de savoir jusqu'où peuvent aller les différences entre nos conceptions? Faut-il dire qu'une même phrase pourrait être à la fois vraie et fausse? (ceci semble absolument impossible!) Un internaliste répondra qu'il est clair qu'une phrase ne pourra jamais être à la fois vraie et fausse, mais par contre, elle peut être acceptable dans une certaine population et non acceptable dans une autre. Ceci évacue un problème que nous aurions pu poser assez simplement: la phrase La terre est plate était crue il y a 2000 ou 3000 ans, mais ne l'est plus actuellement. Etait-elle vraie alors et fausse maintenant? Bien sûr que non, elle était déjà fausse alors, mais elle était acceptable.

Nous voyons ainsi deux conceptions différentes de la vérité, deux conceptions qui peuvent rendre assez adéquatement notre vision du monde, tantôt individualiste (internaliste), tantôt impérialiste (externaliste) où tout le monde doit penser la même chose... Ceci pourrait d'ailleurs faire l'objet d'un autre article sur nos diverses appréhensions de notre place dans le monde...

Article de newton, à 09:25 dans la rubrique "Philosophie".
Envie d'ajouter quelque chose?

Article précédent -- Article suivant