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Le journal de Newton

L'amour entre dans le coeur sans qu'on l'entende; mais une fois dedans, il ferme la porte derrière lui. (C.-F. Ramuz, Aline)


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Grandir...

Hier, je me suis livré à ce sympathique questionnaire proposé par Eurydice sur différentes chansons... Une question demandait de donner le titre d'une chanson qui en disait beaucoup sur moi, et j'ai répondu "Pour les enfants du monde entier" de Yves Duteil. J'avais aussi hésité avec une autre chanson d'Yves Duteil, "Blessures d'enfant", mais je crois que cette chanson en dit beaucoup sur moi, mais à une autre époque de ma vie... J'aimerais en parler un peu ce matin.

C'était il y a quelques mois de ça, de nombreuses questions me tracassaient depuis bien longtemps, mais rien ne pouvait en transparaître, rien ne pouvait en être dit... Je me disais que j'avais grandi de l'intérieur, que je voyais les choses différemment, peut-être plus correctement, mais j'étais très troublé: des questions sans réponse, des réponses sans question... Ce n'est pas facile de se poser les bonnes questions au bon moment, surtout lorsque ces questions incontournables ne trouvent pas de réponse entièrement satisfaisante parce qu'elle pourraient recevoir plusieurs réponses... A un moment donné, il faut choisir entre soi et les autres. Je savais que mon avenir était ailleurs, restait à savoir où... J'ai trouvé cet ailleurs reposant auprès d'une fille extraordinaire. Depuis, je n'ai plus crainte d'être moi, bien que parfois ces craintes refassent surface... Vous connaissez peut-être aussi cette peur incontrôlable, mais qui fait si mal, cette peur de "faire faux", de ne pas faire comme il faudrait, d'aller à contrecourant... Pourtant, la recherche de cet ailleurs ne m'a jamais paru fausse, elle n'a jamais été remise en question parce que depuis que j'ai choisi de vivre dans cet ailleurs, j'ai enfin trouvé le bonheur d'être moi, d'avoir des sentiments... Enfin, je crois que j'en ai assez dit, mais j'aimerais encore lui ajouter un "MERCI" pour le bonheur que je vis avec elle...

Voici le texte de "Blessures d'enfant" de Yves Duteil...

On ne sait pas toujours à quel point les enfants
Gardent de leurs blessures le souvenir longtemps
Ni comme on a raison d'aider à s'épanouir
Cette fleur dans leur âme qui commence à s'ouvrir

Moi qui rêvais d'amour de musique et d'espoir
Je m'endormais cerné de frayeurs dans le noir
Certain que tous les rêves étaient sans lendemain
Je m'éveillais toujours le vide entre les mains

Chacun vivait pour lui dans sa tête en silence
Et je chantais mon âme en pleine indifférence
Encombré de mes joies troublé de mes envies
Faisant semblant de rien pour que l'on m'aime aussi

L'été on m'envoyait sur le bord de la mer
Ou au fond du Jura profiter du grand air
Écrire à mes parents que je m'amusais bien
Et m'endormir tout seul blotti dans mon chagrin

J'essayais de grandir, de m'envoler peut-être
Pour cueillir des étoiles à ceux qui m'ont vu naître
J'ai longtemps attendu ce geste ou ce regard
Qui n'est jamais venu, ou qui viendra trop tard

Puis mon frère est parti pour un lycée banal
En pension pour trois ans parce qu'on s'entendait mal
J'avais cherché sans cesse à croiser son chemin
Sans jamais parvenir à rencontrer sa main

Tous mes élans d'amour brisés dans la coquille
J'essayais de renaître en regardant les filles
Aimer c'était malsain pervers ou malséant
Pourtant c'était si doux si tendre et si troublant

Aujourd'hui j'ai grandi mais le silence est là
Menaçant, qui revient, qui tourne autour de moi
Je sais que mon destin, c'est d'être heureux ailleurs
Et c'est vers l'avenir, que j'ai ouvert mon cœur

Mais j'ai toujours gardé de ces années perdues
Le sentiment profond de n'avoir pas vécu
L'impression de sentir mon cœur battre à l'envers
Et la peur brusquement d'aimer à découvert

On ne sait pas toujours à quel point les enfants
Gardent de leurs blessures un souvenir cuisant
Ni le temps qu'il faudra pour apprendre à guérir
Alors qu'il suffisait peut-être d'un sourire

Moi qui rêvais d'amour de musique et d'espoir
J'ai attendu en vain ce geste ou ce regard
Mais quand un enfant pleure ou qu'il a du chagrin
Je crois savoir un peu ce dont il a besoin.


Article de newton, à 10:35 dans la rubrique "Histoires vivantes".
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Les réactions à cet article :

 
Cristalpearl
Cristalpearl
21-03-05
à 13:14

Etre soi...

Salut Newton !

Je me rend compte à la lecture de ton article qu'être soi, une chose qui devrait être simple et naturelle ne l'est pas toujours.

"Vous connaissez peut-être aussi cette peur incontrôlable, mais qui fait si mal, cette peur de "faire faux", de ne pas faire comme il faudrait, d'aller à contrecourant..."

Je comprends très bien ce que tu veux dire. J'ai du mal parfois à savoir qui je suis vraiment car je suis une suite de facettes en face des gens qui me croisent. Et je me demande parfois qui est la vrai Cristal, si toutes ces Cristal sont des facettes d'un tout ou si je leurre le monde (et moi même par la même occasion) en ayant une suite de rôles dans lesquels je me fonds à tour de rôle.

Je m'en veux parfois car j'ai l'impression d'être fausse face à certaines personnes dans ma vie : tantôt timide, tantôt naïve (sans vraiment l'être), tantôt gamine, je sais que tout cela n'est pas vraiment moi ou alors pas "tout moi" mais voilà, je suis incapable de m'en détacher.

Comme une carapace, une armure, qui me protège du jugement des gens.

Mais comment parvenir à être vraie ?

J'ai le sentiment que le moment ou je suis le plus moi même est quand j'écris sur mon blog...

Etrange sentiment. Comme une dualité profonde en moi. Ou est le vrai ? Je ne sais pas vraiment le dire...

Bisous cher Newton.

Cristal
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newton
newton
22-03-05
à 07:27

Re: Etre soi...

Comment parvenir à être vraie? Je ne sais pas si c'est possible... en tous cas pas pleinement... Les mots sont déjà tellement un masque qui empêche une totale personnalisation (mais ils nous sont ô combien utiles). Je crois que devenir vrai, c'est le chemin de toute notre vie, plus ou moins difficile selon les périodes, selon les gens avec qui on se trouve... Ce n'est pas facile, mais c'est nécessaire de viser la vérité de soi et en soi... Je ne sais pas comment faire, mais je crois que le questionnement est une bonne méthode, bien que pas facile et pas évidente.
Bonne journée Cristal! et bon courage!
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