Le journal de Newton

Je discutais hier avec une amie proche et soudain, la discussion s'est portée sur les différences entre garçons et filles, en particulier au niveau de l'appréhension de la réalité et de l'intelligence. Elle me racontait que son ami la faisait parfois "sauter en l'air" en lui sortant (pour la provoquer un peu!) des études scientifiques montrant que les hommes sont plus intelligents que les femmes. En fait, l'explication est peut-être assez simple, et nous avons essayé, en discutant ensemble, de s'y aventurer. J'aimerais livrer ici quelques réflexions que nous nous sommes faites hier. Il est peut-être difficile de justifier de mettre cet article dans la rubrique "philosophie", mais je pense qu'il s'agit là de réflexions basées sur des méthodes philosophiques.

Nous avons commencé notre discussion en nous demandant ce qu'était "être un génie", à la façon de Einstein, de Newton ou de Galilée. Il est difficile de répondre à cette question. Nous pouvons dire simplement que ce sont des gens avec un QI particulièrement élevé, mais notre réflexion n'était évidemment pas satisfaite d'une telle réponse: comment avoir un QI plus élevé? Cela ne peut certainement pas se justifier simplement par des prédispositions génétiques seules. Ce serait de la prédestination et si cela était le cas, nous devrions aussi classer les futurs criminels selon des prédispositions génétiques et les enfermer alors qu'ils n'ont rien fait. Dans un monde où les droits de l'homme font loi, il est inadmissible de proposer un argument pareil. La raison du génie est donc ailleurs.

Dans la suite de la discussion, nous sommes partis sur des questions liées aux différences entre les garçons et les filles et sommes arrivés aux intelligences "féminine" et "masculine". Nous avons remarqué que les garçons ont plutôt une intelligence déductive, presque mathématique. Il reçoit une information et l'analyse pour tester sa résistance. L'intelligence féminine, quant à elle, est plutôt intuitive. Elle procède par idées et n'a pas besoin de justification pour toute proposition. Les hommes ont besoin de certitudes (même artificielles) tandis que les femmes n'en ont pas fondamentalement besoin, du moins pas pour tout. Prenons un exemple. La phrase "j'aime cette personne" peut trouver place dans un homme comme dans une femme. Souvent cependant, le traitement de cette phrase sera un peu différent pour l'un et l'autre. Le garçon aura souvent tendance à se demander "pourquoi elle", à se justifier, tandis que la fille se dira que c'est ainsi parce qu'elle le ressent ainsi. Loin de moi l'idée de vouloir faire des généralités, ce n'est pas mon but. Toutefois, il faut avouer que tel est souvent le cas... Mais pourquoi est-ce donc ainsi? La thèse génétique doit encore une fois être repoussée pour les mêmes raisons que nous avons déjà évoquées. La thèse qui me semble la plus probable est la thèse "sociale". Je veux dire par là que le cadre social nous apprend à être comme nous sommes, mais nous pourrions être tout à fait différents. Je pense maintenant aux travestis ou aux transsexuels. Il est certainement souvent le cas que ce sont des gens qui, depuis longtemps, ont regretté ne pas être de l'autre sexe ou qui ont été éduqués comme étant de l'autre sexe (p. ex. parce que les parents auraient voulu une fille au lieu d'un garçon). Bref, l'idée est que notre esprit et notre manière de réfléchir sont "façonnés" par le milieu social dans lequel on évolue et qui différencie fille et garçon dès le départ. Cette différenciation est heureuse, certes, mais au niveau de l'intelligence, elle limite quand même pas mal de choses. En effet, nous pouvons considérer. selon ce que nous avons dit précédemment, que l'intelligence féminine permettrait d'avancer vers de nouveaux horizons intellectuels alors que l'intelligence masculine permettrait d'explorer ces horizons de manière systématique. Ne serait-ce pas là le génie? Tout dépend évidemment de la définition que nous donnons du génie, mais dans cette optique-là, il s'agit de quelqu'un qui arrive à concilier les deux types d'intelligence, qui soit capable de recevoir une information comme une idée sans forcément la justifier et d'ensuite l'explorer systématiquement pour la synthétiser et la faire passer au monde. Le génie serait donc un fruit de la société, du moins un fruit du milieu éducatif qui a été le sien.

Cela me fait penser à la "thèse Mozart" dont on parlait à la radio l'autre jour. Cette thèse supposait que l'écoute de musique classique par des enfants stimulait leur intelligence. Cependant, une étude récente tend à montrer que tel n'est pas le cas et qu'il s'agit en fait d'autre chose, que le lien de cause à effet entre la musique classique et l'intelligence ne pouvait pas être démontré. Cela m'amène encore une fois dans l'hypothèse sociale. La musique classique est aujourd'hui une musique remplie d'histoire, c'est une musique "culturelle". Or, il me semble que des gens qui écoutent régulièrement ce genre de musique sont nécessairement des gens cultivés ou du moins piqués de culture. Ceci ne peut que "déteindre" sur les enfants. Je ne veux pas dire par là que les enfants devront aimer la musique classique comme leurs parents, mais ils seront éduqués dans un milieu culturel fort et cela suscitera certainement leur intelligence par la curiosité (intelligence féminine) et la recherche de compréhension (intelligence masculine).

Voilà un peu les fruits de la réflexion avec cette amie. Je n'en donne là que des bribes, la discussion n'ayant pas porté que sur ce sujet et ayant été beaucoup plus loin. Je me dis toutefois que l'hypothèse sociale, liée au caractère propre de chacun (c'est-à-dire à l'appropriation des données du carcan social par chacun) peut être une hypothèse très vraisemblable. La différence entre intelligence masculine et féminine expliquerait aussi ces études qui disent que les garçons sont plus intelligents que les filles, simplement par le fait que ce genre de test met en avant plutôt une intelligence systématique et non une intelligence intuitive.

Réflexion à poursuivre...