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Le journal de Newton

L'amour entre dans le coeur sans qu'on l'entende; mais une fois dedans, il ferme la porte derrière lui. (C.-F. Ramuz, Aline)


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Le revers de la médaille

Ce matin, je suis tombé un peu par hasard sur un passage d'un roman que j'ai mis en citation: "Dans la tête des gens, le chemin de Compostelle est un chemin à sens unique. On parle toujours des gens qui y vont, jamais de ceux qui en reviennent." (Henri Vincenot, Les étoiles de Compostelle)
Il me semble que ces deux phrases soulèvent une problématique tout à fait juste: penser les choses dans leur ensemble, et non pas seulement en partie... Cependant, c'est souvent difficile de voir les deux côtés en même temps. On parle des gens qui y vont, de leur exploit, mais on ne pense pas que l'exploit se poursuit, même lorsque la médaille est gagnée... Il est une chose d'aller jusqu'à Compostelle, il en est une autre d'en revenir!

Il est clair qu'il s'agit d'une image (bien qu'il soit clair qu'au Moyen Age, revenir de Compostelle était aussi difficile que d'y aller, voir plus). Cette image me semble soulever un trait caractéristique de nos soucis: prendre une décision et la réaliser est une chose, mais que faire des conséquences que nous aurions aimé éviter mais qui sont quand même là? Ce n'est pas évident à gérer et je n'ai pas de solution encore à ce jour... Il faut peut-être repenser nos choix, nos décision, penser également aux conséquences imprévisibles. Mais comment serait-ce possible, puisqu'on parle de conséquences imprévisibles? Ce n'est pas évident, mais souvent, c'est un cas qui se présente à chacun de nous: "Je n'ai pas voulu ça!" Mais si nous voulons quelque chose, ne faut-il pas aussi en vouloir toutes les conséquences, même celles que nous n'avions pas prévues? Personnellement, je dirais que oui dans la plupart des cas. Cependant, il est une chose que ces conséquences arrivent, il en est une autre de les accepter et de les vivre. Et c'est là que le bas blesse...

Je me souviens d'une belle métaphore que j'ai entendue une fois et que j'aimerais retranscrire ici. Un couple prévoit de partir en vacances pour l'Italie: ils achètent un guide, apprennent quelques phrases et se renseignent le mieux possible sur le pays pour connaître là où ils vont. Ils embarquent dans leur avion, le vol se passe bien, mais à l'arrivée, l'hôtesse leur souhaite la bienvenue en HOLLANDE! Mais ce n'est pas possible! Ce n'est pas la Hollande que je voulais, c'est l'Italie; la plupart des gens vont en vacances en Italie et non pas en Hollande! De plus, le couple ne sait rien de la Hollande! De toutes manières, il n'y a pas de possibilité de changer, leur annonce l'hôtesse, l'atterrissage est définitif! Deux possibilités se présentent à eux: refuser d'être en Hollande, bien qu'ils y soient, ou alors l'accepter et apprendre à la connaître et à l'aimer. Finalement, la Hollande est aussi belle, bien que différente de l'Italie!

Cette métaphore nous emmène plus loin que la première partie de ma réflexion. L'acceptation du choix devient alors la seule manière de pouvoir vivre là où on est, là où on arrive. Par rapport à nos choix, c'est certainement l'acceptation des conséquences qui détermine en grande partie la possibilité d'une vie "correcte". Cela va même plus loin, cela peut nous apporter quelque chose de nouveau, de différent. Ce n'est pas plus beau ou mieux, c'est simplement différent, mais tout aussi valable que sans cette conséquence. Nous pouvons vivre de manière entière avec des conséquences non désirées et en faire quelque chose d'aussi extraordinaire que ce qui était prévu. Cependant, pour ça, il faut l'accepter et le vivre de manière entière. Mais comment faire? Comment accepter? Il me semble que là, nous devons nous pousser, nous secouer et c'est ainsi que nous pouvons l'accepter. Je veux dire par là que, pour revenir à notre métaphore, nous ne pouvons pas connaître la Hollande si nous restons à l'aéroport, c'est certain. Il faut sortir de cet aéroport, se renseigner à nouveau sur un pays, apprendre à le connaître. De même, c'est en vivant notre vie que nous apprenons à la connaître, c'est en cherchant à aller toujours plus loin et à accepter celui que nous sommes que nous pouvons avancer.

Le revers de la médaille fait partie de la médaille! Sans revers, pas de médaille! Mais tout ça n'est pas vraiment évident à accepter... parfois même difficile... Se fixer des buts en vue de l'unification de la médaille, ne serait-ce pas là une chance pour vivre avec toute cette médaille?

Article de newton, à 12:03 dans la rubrique "Histoires vivantes".
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Les réactions à cet article :

 
Cristalpearl
Cristalpearl
22-04-05
à 16:39

Cher Newton,

Je crois que tu as complètement raison : pas de médaille sans revers, tout cela est dans l'ordre des choses même si ce n'est pas toujours facile à accepter et à vivre.

Dans le même ordre d'idée, il faut sans doute passer par des moments malheureux pour mesurer la force du bonheur car, par contraste, il prend tout son sens, un peu à l'image du blanc qui parait plus blanc au contact du noir.

Ton article aide à relativiser. Notre monde n'est pas si manichéen qu'on le pense : tout n'est pas bon et tout n'est pas mauvais... Notre monde est un subtile mélange de couleurs chacune apportant sa part de contrastes et d'intensité... Accepter le bonheur nécéssite nécéssairement d'accepter les moments plus tristes ou plus contraignants.

Bisous à toi et à bientôt !

Cristal

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newton
newton
22-04-05
à 23:40

Re:

Chère Cristal,
Merci pour ton commentaire! C'est fou comme les choses n'arrivent pas à être noires ou blanches! à croire qu'elles le font exprès... ;-)
Mais finalement, est-ce que les faits ne sont pas simplement des faits, et ils deviennent "bons" ou "mauvais" selon ce qu'on en fait et comment on les reçoit?
Prenons le cas extrême d'un meurtre. Toute personne normalement constituée dira certainement que c'est un acte mauvais. Mais pourquoi est-il mauvais? est-ce qu'il ne peut pas avoir quelque chose de bon? Imaginons le cas où quelqu'un ferait tellement de mal qu'il ferait mourir une personne par heure. Ne serait-il pas bon de le tuer (seul moyen pour le faire cesser)? Je suis d'accord que ce cas est tiré par les cheveux, mais il révèle un point intéressant, à savoir que même ce cas du meurtre peut être envisagé dans un cas super hypothétique comme "bon" ou en tous cas "pas mauvais". N'a-t-on pas toujours la possibilité de voir nos propres actes à la fois comme bon et comme mauvais?

A méditer.... J'en appelle à vos réflexions éthiques pour continuer cette question, vous voulez bien?
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Cristalpearl
Cristalpearl
23-04-05
à 11:11

Re: Re:

Ton commentaire rappelle à ma mémoire l'histoire d'une jeune femme que j'avais entendu lors d'une émission de télé dont le sujet était "Comment vivre avec la mort d'un proche sur la conscience ?" : elle s'appelait Ida et elle avait tué à 17 ans son père d'un coup de carabine. Sur le moment on se dit "mais comment une chose pareille peut elle arriver ? Comment a-t-elle pu faire cela ?" et ensuite on écoute son récit et cet acte prend quelque part son sens. Son père était un néo-nazi convaincu, un ancien militaire autoritaire et violent qui les obligeait elle et ses trois soeurs à s'habiller en treillis, à porter la croix gammée au bras. Il leur apprenait à faire des bombes et les élevait comme des soldats. Il terrorisait sa famille, battait sa femme et ses filles. Il avait même installé une salle de torture dans son sous sol. Les services sociaux savaient mais semblaient impuissants face à ce personnage.

Un jour, la grande soeur d'Ida a fuit pour vivre avec un homme juif. Impossible à envisager dans l'esprit de son père. Il a préparé la salle de torture attendant son retour pour la tuer. Mais avant, il a été dormir. Ida a pris la carabine de son père et est monté le tuer dans son sommeil pour sauver sa soeur et toute sa famille.

Jugée et acquittée pour ce geste considéré comme de la légitime défense, elle ne regrette rien aujourd'hui. Si ce n'est de n'avoir eu le temps de dire ses 4 vérités à son père. Pour elle, elle a libéré sa famille de l'enfer.

Elle a raconté sa vie dans un livre : Ida, histoire d'un parricide (Françoise Hamel, Flammarion, 2001).

J'espère que c'est une bonne illustration de ce que tu voulais exprimer :-) Gros bisous.

Cristal

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newton
newton
23-04-05
à 12:06

Re: Re: Re:

Merci pour ton commentaire et cet exemple, Cristal! Il me semble que cette histoire donne un exemple concret d'un cas où le meurtre peut être excusé et considéré, dans une certaine mesure, comme bon. Le meurtre n'est donc pas mauvais en lui-même, mais il y a quelque chose qui le rend mauvais. Mais qu'est-ce donc? Y a-t-il quelque chose qui puisse être mauvais en soi?
Hier soir, je discutais avec Aliena, et elle me rappelait que dans la philosophie médiévale, en particulier dans les discussions portant sur les attributs de Dieu, on mentionnait toujours la bonté comme attribut de Dieu. Dans ce contexte-là, Dieu est bon en lui-même. Est-ce que Dieu, en considérant son existence au moins dans un projet philosophique pour les non-croyants, est le seul être, la seule "chose" qui soit bon en lui-même?
J'y réfléchis... J'attends volontiers vos réactions...
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newton
newton
26-04-05
à 18:46

Suite...

Comme je le disais précédemment, nous avons eu avec Aliena une petite discussion sur la bonté comme attribut de Dieu. Dans la conversation, ont été soulevées des problématiques assez intéressantes, en particulier une que j'aimerais rendre ici...
En supposant que Dieu est bon, il ne peut l'être qu'en lui-même (selon la définition de Dieu qui est un être absolu). Or, s'il est bon, nul ne peut dire sans se tromper que Dieu n'est pas bon. Celui qui croit que Dieu n'est pas bon pense donc faussement que Dieu n'est pas bon. Appliquant ceci à l'éthique, nous devons poser des distinction dans le bon et dans le mauvais: vraiment bon, faussement bon, vraiment mauvais, faussement mauvais. Ceci pose le problème alors de ce qui rend le bon vrai ou faux... En effet, au niveau de l'éthique, la bonté est liée à une situation, comme nous l'avons déjà montré plus haut. Beaucoup pensent qu'un des critères décisif du degré de bonté est le cadre socio-culturel. Je n'ai pas d'argument contre cela, du moins pas pour le moment, mais je me demande si c'est le seul aspect que nous devons considérer... Ne faut-il pas aussi connaître par exemple l'intention de l'auteur? Ne faut-il pas aussi considérer l'ensemble des conséquences de l'acte? Ne faut-il pas aussi considérer les droits lésés et sauvegardés? Ne faut-il pas encore prendre en considération toute une série de faits purement subjectifs?
A nos réflexions...
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