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Le journal de Newton

La simplicité véritable allie la bonté à la beauté. (Platon, La République)


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Si j'ai raison, tu as raison...
--> ou si tu as raison, j'ai aussi raison!

Mon "petit" (et premier) examen final de philosophie approche à grands pas! Et ça va durer une heure... J'espère que j'aurai du plaisir et que ce sera un examen où j'aurai matière à dispute avec Mme la Professeure! C'est toujours plus sympa! ;-) Je vous ai déjà parlé dans des articles précédents de ce que sont les noms et le problème de l'objectivité de la subjectivité (quel effet ça fait?). Maintenant, j'aimerais vous parler un peu de mon dernier des trois thèmes que je traiterai durant l'heure d'examen, à savoir la question du conditionnel (un connecteur logique qui traduit l'expression "si... alors") et qui pose un peu problème, surtout lorsque l'antécédent (ce qui suit le "si") est faux. En effet, lorsque l'antécédent est faux, la proposition entière est, elle, vraie! Même si cela peut paraître étrange, c'est un donné de la logique et de nombreux auteurs cherchent à comprendre ça, à l'expliquer ou à le modifier. Dans ce cadre, j'ai choisi deux textes très intéressants, l'un de Frank Jackson (Conditionals) et l'autre de Stephen Read (To Think But of an If). Ce dernier reprend en partie la théorie de David Lewis que j'avais déjà un peu abordée lorsque j'ai parlé des mondes possibles.

Tout d'abord (comme d'habitude), j'aimerais toucher un mot des théories des deux auteurs que j'aborderai. Frank Jackson propose une distinction entre la vérité d'un conditionnel et le fait de pouvoir le dire (l'assertibilité). Il reprend ainsi une idée de Adams qui pose que l'assertibilité d'un conditionnel est équivalent à la probabilité du conséquent (ce qui suit le "alors") étant donné l'antécédent (ce qui suit le "si"). Jackson veut cependant aller plus loin que la simple assertibilité, il parle de "robustesse". De fait, le conditionnel que j'appellerais logique est en principe considéré comme équivalent à ce que nous appelons le "conditionnel matériel" qui est, en gros, ce que nous entendons dans le langage courant par l'expression "si... alors". Jackson propose alors de ne pas les considérer comme égaux, mais le conditionnel logique a quelque chose de plus que le conditionnel matériel, à savoir qu'il indique que le conditionnel matériel est robuste. La robustesse correspond à la probabilité du conditionnel matériel en regard de la vérité de l'antécédent (ce qui suit le "si"). Cela veut dire qu'avec un conditionnel matériel du type A implique B, la robustesse se vérifie en tant que probabilité de la proposition "A implique B" en fonction de la vérité de A. Le conditionnel matériel est hautement probable si le conséquent est hautement probable en regard de la vérité de l'antécédent. Ainsi, nous avons la robustesse du conditionnel définie comme la haute probabilité de B en regard de A. Je n'entrerai pas dans la question de la robustesse du "ou", ceci deviendrait trop compliqué pour ce joueb, et nous amènerait un peu trop loin...

Passons maintenant à la théorie de Stephen Read. Ce dernier propose de réfuter la théorie de Jackson: cette dernière peut être réfutée grâce à la proposition dont j'ai fait mon titre: "Si j'ai raison, tu as raison, OU si tu as raison, j'ai aussi raison". En effet, cette proposition est une vérité logique (je vous passe la démonstration), mais elle n'est certainement pas assertible, c'est-à-dire qu'elle est vraie, mais on ne peut pas la dire. C'est pourquoi, Read propose de rejoindre la théorie de David Lewis, avec son système d'évaluation par des sphères. Nous apposons ainsi une fonction de sélection d'un monde donné. La fonction en question permet de sélectionner une partie du monde (appelons-le simplement "monde") où l'antécédent est vrai; le conditionnel est vrai exactement dans le cas où le conséquent (ce qui suit le "alors") est vrai dans le monde sélectionné. Nous voyons ici de très près la théorie de David Lewis (une théorie assez géniale, d'ailleurs, et pour ceux qui voudraient en savoir plus, je me permets de renvoyer à son ouvrage appelé "Counterfactuals").

Etant données ces théories, voyons comment ces deux théories peuvent être compatible, comment ne sont-elles pas contradictoires, malgré les dires de Stephen Read qui propose une théorie en opposition à Jackson. De fait, nous devons constater d'abord que Jackson ne s'intéresse pas du tout à ce qu'est la vérité du conditionnel, il ne s'intéresse donc pas à l'aspect ontologique de la vérité du conditionnel, mais bien à son aspect épistémologique. Quant à Stephen Read, il s'intéresse à ce qui fait la vérité du conditionnel, c'est-à-dire au côté ontologique de la question de la vérité du conditionnel. Nous voyons donc immédiatement où se situe la différence et donc la clé de la compatibilité de ces deux théories. Jackson met en place une théorie épistémique du conditionnel (on le voit clairement dans le terme "assertibilité"), tandis que Read propose une théorie ontologique du conditionnel.

Voilà donc mon dernier sujet pour l'examen de jeudi qui, je l'espère, se passera au mieux... Pensez à moi, si vous avez le temps... ;-) Je reviendrai mettre quelques articles philosophiques dès la fin de la semaine ou le début de la semaine prochaine. Je traiterai de trois sujets (je ne sais pas encore dans quel ordre), à savoir la vision du monde de Ludwig Wittgenstein dans son Tractatus logico-philosophicus, ensuite la question de la séparation corps-esprit chez René Descartes, et enfin la problématique des objets fictifs et objets réels chez Brentano.

Article de newton, à 20:35 dans la rubrique "Philosophie".
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