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Le journal de Newton

Nul ne skie assez doucement pour glisser sans laisser de traces. (M. Heidegger, Introduction à la Métaphysique)


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La subjectivité est-elle objective?

Comme annoncé dans un précédent article, j'aimerais parler aujourd'hui un peu d'un thème fort intéressant que je prépare également pour mes examens finaux de philosophie. Il s'agit de philosophie de l'esprit. Je vais traiter ici de deux auteurs (et deux articles), à savoir Thomas Nagel (What Is It Like to Be a Bat?) et David Lewis (Mad Pain and Martian Pain). Je vais commencer par parler un peu de la question de Lewis puis de celle de Nagel, et je proposerai ensuite une lecture comparative de la question de la subjectivité proprement dite...

David Lewis commence par montrer que la douleur (ou tout autre sensation) n'est lié à un état neuronal et à un système de causes et de comportements que de manière contingente (c'est-à-dire de manière non nécessaire!). Pour cela, il propose de considérer deux cas, à savoir celui d'un "humain fou" et celui d'un "martien normal". L'humain fou est un humain qui a exactement le même état neuronal que nous lorsqu'il a mal, mais ce ne sont pas les mêmes causes et effets qui y sont liés. En effet, il a mal lorsqu'il fait un exercice modéré alors qu'il n'a pas mangé, et la conséquence de sa "douleur" n'est pas de crier ou de se tenir, cela le fait se concentrer sur la matière des mathématique. Pour le martien, son système neuronal est totalement différent du nôtre: il a un système de tuyaux réparti dans tout le corps et des cavités gonflables dans les pieds. Il a mal exactement dans les mêmes circonstances que nous, et les mêmes conséquences en suivent. Cependant, son mal n'est pas lié à un état du cerveau (il a un échangeur thermique dans la tête), mais au gonflement des cavités de ses pieds. On ne veut pas nier que ces individus ont mal. Lewis pose alors plusieurs critères pour déterminer qu'un individu a mal: 1. Il s'agit de la douleur telle que nous l'entendons pour nous; 2. Il s'agit de la douleur telle qu'elle est entendue dans la population dont fait partie cet individu; 3. Cet individu n'est pas une exception. Le problème vient alors de la question d'un individu unique... 4. La population en question constitue une espèce naturelle. Je soulèverais l'objection que, selon Lewis, on ne peut pas dire qu'il ait mal, mais ceci n'est-il pas un peu arbitraire?

Parlons maintenant de la théorie de Thomas Nagel. Son sujet est directement celui de la subjectivité. Il part de l'exemple d'une chauve-souris. Il faut distinguer le "pour-soi" et le "en-soi". Le "pour-soi" est le côté subjectif de l'expérience, tandis que le "en-soi" est le côté objectif. Nous ne pouvons pas connaître le "pour-soi" de l'expérience d'une chauve-souris. A la rigueur, celui qui se ferait greffer un sonar de chauve-souris pourrait savoir ce que ça fait pour lui-même d'être une chauve-souris, mais en tous cas pas ce que ça fait pour une chauve-souris d'être une chauve-souris... Le problème est celui de la communication de l'expérience: en effet, certaines choses sont inexprimables avec les propositions de notre langue. Ceci ne fait pas que cela n'existe pas! La subjectivité fait cependant partie du monde réel et a donc une part d'objectivité: elle n'est pas totalement inaccessible, elle est accessible parce qu'elle est un "type", ce qui veut dire que dans des circonstances similaires, on peut accéder à un même "qualia" (en gros, c'est un sentiment, au sens très large). Voilà un peu pour cette théorie...

Pour comparer un peu les deux théories dans le cadre de la subjectivité, nous pouvons voir une certaine similarité grâce à la classification de "type" pour la subjectivité chez Nagel. En effet, pour Lewis, la subjectivité (ou l'effet que ça fait) est une sorte de gabarit à partir d'un motif donné. Ainsi, nous retrouvons la même conséquence que j'avais posée ci-dessus, à la fin du paragraphe précédent. La subjectivité n'est donc pas un isolement total du monde, elle est la possibilité de vivre personnellement une expérience, de la partager avec des semblables qui ont déjà PU vivre une expérience similaire. D'ailleurs, Nagel dit que la subjectivité est la seule propriété qui fait qu'une expérience est ce qu'elle est!

La subjectivité a donc une certaine dose d'objectivité!!!

Article de newton, à 20:00 dans la rubrique "Philosophie".
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