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Le journal de Newton

Il n'y a que la lumière et l'évidence qui aient le pouvoir de changer les opinions des hommes. (J. Locke, Lettre sur la tolérance)


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Le géant qui était sculpteur

Après trois bons quarts d'heure de voiture, nous arrivons à un parking un peu improvisé (pour ne pas dire complètement improvisé). Il doit bien y avoir une cinquantaine de véhicules! Nous sommes déjà entre 1200 et 1300 mètres d'altitude, je pense. C'est une sorte de haut-plateau, il fait beau, le soleil est de la partie...

Une fois les voitures fermées, le départ est sonné. Nous entammons notre petite marche en suivant un chemin de campagne, trafiquable, mais interdit à la circulation. Quelques vaches à gauches, puis une petite forêt. Les systèmes de fermeture des portails des parcs à vaches sont parfois simples, parfois ingénieux, parfois défectueux. Eh voilà, nous y sommes. Nous tournons à droite et nous commençons la véritable montée. A droite, de magnifiques parois rocheuses dessinent les formes les plus inattendues. Sur la gauche, la forêt nous offre son ombre. Je m'évade dans mes rêves tout en grimpant et en regardant cette parois qui joue aux artistes. J'imagine le géant, tailleur de pierre, qui a creusé de ses doigts les marques parallèles tout au long de cette roche. Une rivière par-ci, sa signature par là ou le regard d'un petit animal fluet sont inscrits au coeur même de cette oeuvre d'art. Avançant toujours, la forêt passe derrière nous. Quelques arbres nous offrent leur ombre au passage. Puis arrive la partie peut-être la plus ardue: un chemin caillouteux, relativement pentu. Attiré par un nouveau spectacle, mon regard se détourne. Il se jette de l'autre côté de la vallée, tout au bout de la vallée que nous sommes en train de gravir. Les montagnes sont d'un vert intense, le ciel d'un bleu très fort. Entre ciel et terre, se dessine un simple fil invisible qui permet à chaque couleur de garder sa place malgré les contours complexes des sommets. Une petite cabane se laisse apercevoir, rompant ainsi le champ verdoyant de ce tableau. Les dents se laissent regarder dans un décor somptueux, le temps est magnifique. Il faut y retourner, nous ne sommes pas encore arrivés! Reprenant donc ce chemin caillouteux, je continue à grimper, observant au passage quelques petites pierres, au hasard. Un peu plus loin, la verdure revient en force, laissant le loisir aux petites fleurs d'enchanter le passant. Les boutons d'or sont d'un jaune prenant, pas de ce jaune qu'ils sont dans les champs de plaine, mais de ce jaune qu'on ne trouve que là-haut! Une petite fleur violette me lance un regard joueur. Je la regarde à mon tour. Celle-ci, je l'offre à Aliena, c'est une fleur pour elle, mais je la laisse là, où elle fleurira encore; j'espère qu'elle la verra à son passage... Tiens, je vais lui faire un bouquet: je lui offre encore celle-ci, cette petite fleur mauve, plus pâle, puis celle-ci, et encore celle-là. Si je les cueille, elles vont se faner très vite, trop vite, et elles ne seront plus que bonnes à jeter dès que nous nous retrouverons dans quelques minutes. Je ne ramasse pas ces fleurs sauvages, mais je les lui offre, elles sont pour elle.

Au fil de mes pensées, voilà que j'arrive, sans même m'y attendre, à la cabane qui constitue le but de notre promenade. J'attends les autres durant quelques minutes, puis nous mangeons ce que nous avons apporté. Après quelques instants de détentes, nous repartons déjà pour entammer la descente. J'ai envie de rester avec elle, de faire ce chemin ensemble, tous les deux, et c'est ce que nous faisons. Le problème de la descente, c'est qu'il faut sans cesse calculer où on met les pieds, regarder à ne pas tomber... J'apprécie bien cette descente avec elle, je suis aux anges: une journée mémorable est en train de se dérouler au fur et à mesure que les secondes passent. Dans un cadre magnifique, je partage des instants d'éternité avec elle, pour notre plus grand bonheur. Une fois en bas, les jambes sont un peu lourdes, ou plutôt, disons qu'elles se font sentir. C'était vraiment très chouette, très agréable, même si c'était quand même un peu fatiguant... Retour à la maison par trois quarts d'heure de route.

Ce fut une journée magnifique dont je garderai longtemps souvenir. Le soir, contents de nous coucher, nous nous regardons, les yeux dans les yeux, nous disant tout le bonheur que c'est de vivre ces moments ensemble... Une belle nuit va s'écouler...

Article de newton, à 07:11 dans la rubrique "Histoires vivantes".
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