Le journal de Newton

Voici près de trois semaines que je n'ai pas écrit... Ce n'est pas très bien pour la vie de ce journal. Je sais bien que c'est à moi d'imposer le rythme qui me plaît, celui que j'ai envie de donner, mais il y a en même temps le "tiraillement" entre l'envie d'écrire et l'envie de profiter de chaque instant à la maison, avec elle. Pas facile de prendre du temps rien que pour soi quand on en a si peu à partager... En plus, je n'ai pas forcément "envie" de m'étaler ici alors que j'ai seulement besoin de laisser aller mon esprit dans tout et n'importe quoi, mais en tous cas pas le contraindre à un petit bout de sérieux pour une certaine logique du texte. Bref, ces temps, j'ai à la fois envie et pas envie d'écrire ici.

Aujourd'hui, je prends un moment pour écrire quelques mots, quelques phrases. Je ne sais pas trop quoi écrire, il y a trop à dire, mais rien que je n'ai vraiment envie de mettre sur Internet. Je vois là une limite de ce journal. Autant je n'avais aucune limite avant, autant j'éprouve actuellement le désir de ne pas plus me dévoiler que tant. C'est une période où j'ai envie de discrétion, de moments tout personnels. J'ai parfois même envie que cet ordinateur disparaisse temporairement, qu'il ne nous "convoite" pas... C'est fou ce qu'un ordinateur peu prendre de temps, et pour pas grand chose. C'est vrai que c'est bien utile, mais on s'en fait une utilité pour "tuer" le temps qui ne nous est pas utile. L'ordinateur serait-il donc un successeur de la télévision pour empêcher les vraies relations sociales? Certes il est vecteur de nombreuses relations, de possibilités incroyables, mais ne serait-il pas aussi un poison? Les antinomies de la sociabilité sont-elles si séduisantes qu'elles conduisent l'homme à les désirer?

Je ne vais pas plus m'étaler sur le sujet de mes réflexions du jour... J'aimerais encore passer quelques lignes sur cette citation de Picasso: "Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant." Grandir. C'est une chose bien désirable que de grandir. Nous préparons ensemble un événement, elle et moi, qui sera le signe de cette croissance, un événement formidable qui sera inoubliable, un événement qui nous fera encore grandir et nous amènera dans des sphères encore inconnues, même si les choses ne changeront pas vraiment dans la pratique. Il nous faudra apprendre à garder cet artiste en nous, à rester cet artiste que nous avons voulu être jusqu'à ce jour. L'artiste, c'est la partie de l'enfant qui ose être hors des normes, c'est la partie de l'enfant qui est peut-être un peu déphasé, décalé. J'ai envie de rester cet artiste avec toi, j'ai envie de rester cet artiste toute ma vie et de vivre chaque jour plus intensément cette vie d'artiste ensemble. L'art se partage, sans quoi il n'est pas vraiment de l'art. Appelle-t-on "art" quelque chose qui n'est pas destiné à être vu ou connu? La vie l'un en face de l'autre est un art délicat et léger; la vie l'un à côté de l'autre, à avancer ensemble dans une même direction est toute aussi légère, mais peut-être encore plus délicate. La délicatesse est toute la finesse de l'art, cette finesse que je veux garder avec toi. Pour moi, ce mariage sera l'occasion d'affirmer la volonté de la délicatesse dans l'amour, dans la vie de chaque jour. En même temps, il sera le signe concret de notre amour au monde, à tous les autres qui nous voient ensemble, qui nous voient évoluer en couple. Je suis heureux avec toi, et je veux faire vivre l'art d'aimer en nous chaque jour. Je veux voir notre amour, notre relation comme ce pont qui reste inébranlable malgré l'eau qui passe. Il change chaque jour tout en restant le même. C'est ce que je souhaite avec toi. Merci!